Le Torque : Ornement Sacré du Sage Guerrier
Le Torque : Ornement sacré du Sage Guerrier
Quel sujet difficile à introduire, s'intégrant à la pratique du paganisme, nous pouvons l'aborder de plusieurs manières : historiquement, symboliquement, artistiquement... je vais donc faire comme je peux. Ce post pourra évoluer, complétons, partageons.
Le but étant d'en dégager une essentielle portée symbolique et spirituelle. Nous retrouvons surtout le torque sur les divinités masculines, et serait l'amulette celte du guerrier, ayant bien cherché, l'association "torque + guerrier" redéfini une certaine forme de valeur qui dépasse la simple vie humaine, et le sens que nous donnons aujourd'hui au mot "militaire" (no comment).
Le Torque (Torc, ou Torq), antique bijou, très présent à travers les âges, sa symbolique s'est modifiée avec le temps, à l'origine porté à la fois par les femmes et les hommes, symbole de haute classe sociale, monnaie d'échange, puis objet votif, pour enfin devenir symbole sacré de la puissance guerrière.
La grande distinction à faire c'est que lorsque le torque :
- Est fermé : nous sommes dans le monde des Dieux.
- Est ouvert : dans celui des humains. (Bon en même temps si on arrive à vivre plus d'une demi-heure avec la carotide bouché... nous ne serions pas humain).
Émanant du monde celte, scythe selon d'autre, on le retrouve aussi chez les perses, les grecs.
Apparat des Dieux, il est porté dans leurs représentations :
Cernunnos, pilier des Nautes découvert à Paris
Notez que les bois sont en partie symbole de croissance spirituelle. Ici, nous retrouvons le torque autour du cou (pas net, mais c'est le cas dans le rapport archéologique) et sur les bois.
Le chaudron de Gundestrup
Autour du cou et dans la main droite, main de l'autorité, de l'action. (nous pourrions associer le serpent et le torque, nous obtenons un... Ouroboros)
Le Cernunnos tricéphale de Condat
Torque autour de la tête centrale.
Le Dieu de Boray
Torque fermé, Dieu inconnu, fonction ignorée.
L'attribut sacré du torque se retrouve dans les sépultures,
Il accompagne le défunt dans son voyage, identifiable par les Dieux. Il est en quelque sorte comparable à la pièce de monnaie que le défunt doit donner à Charon pour parcourir le Styx et s'assurer un bon voyage. Pour les scythes, le cerf est psychopompe, il guide les âmes, un rapprochement intéressant serait à faire.
De fer, de bronze, d'or et d'argent, sont en or - solaire attribut du Dieu - dans les tombeaux, certains furent fabriqués exclusivement dans ce but.
Signe de reconnaissance divine, le bon accueil de l'âme par les Dieux en est assuré, à la fois par l'offrande du torque (objet votif), et par son caractère divin. On pourrait donc penser que c'est une façon de "diviniser" un défunt, l'âme étant à la différence du corps et de l'esprit ce qui ne meurt pas. Sachez que l'or est le meilleur des conducteurs.
Le cercle, c'est solaire (ou lunaire, pleine lune... le torque ouvert faisant penser au croissant de la lune). C'est l'UN, le symbole du TOUT, fermer un cercle c'est établir le LIEN, ainsi porter le torque c'est vivre dans le monde des hommes en se liant aux Dieux.
Au fil du temps le torque évolua en apparat sacré du guerrier.
Nous allons différencier le Dieu de la Guerre et le guerrier sacré :
Le guerrier celte établissait un lien avec les Dieux en portant le Torque, il n'est pas Dieu de la Guerre, mais porte le joyau du Héros. Il n'est pas mi-homme mi-dieu comme on l'entend. C'est un homme, lié à la mort, aux Dieux, aux esprits, au ciel et à la terre, qui tout au long de sa vie en intègrera les enseignements. Confronté à la violence, à la douleur, aux définitions de l'honneur et de la loyauté, il doit perpétuellement se renouveler, se transformer, se régénérer pour rester un homme parmi les hommes.
Nous attribuons au Dieu : La protection, la paternité, la création, la régénération, la cohésion, l'autorité, le Soleil, la destruction (à la fois dans son sens positif et négatif, penser au tranchant de l'épée d'une justice désintéressée, d'ailleurs le père tranche...).
Une réflexion sur l'art de la guerre, la puissance du guerrier est comparable à l'usage de l'aigle par certains chamanes, à l'entité du ministre de la guerre, Hun - qu'on prononce "roune" presque rune - présente dans le corps selon les anciens chinois. C'est à dire le don de Vision : un bon guerrier est bon stratège, il doit savoir ce qui arrivera, donc "voir" plus loin. (c'est ce qui différencie le militaire actuel et le noble guerrier... un gouffre les sépare, on cultivait la sagesse chez certains guerriers.)
Chez les celtes, en plus d'être donné en offrande, le torque est courant dans le milieu guerrier à partir du IIIème siècle av JC, guerriers sacrés, représentant de la puissance des Dieux accordée aux hommes pour obtenir la victoire, leur donnant la réputation d'être capable de mobiliser de façon extraordinaire les forces du monde divin.
J. Bayet parle même de surenchère religieuse du coté romain (la devotio) pour contrer la portée symbolique du torque, de l'ennemi gaulois. Si sacré qu'il en est l'obligation de s'en emparer.
Le guerrier au torque devient donc un noble messager, entre le monde des Dieux et celui des hommes, s'en suit une ligne de conduite, pour rester en équilibre, il en est le garant et le témoin, (cf. l'extrait des princes de Fianna).
Bien garder à l'esprit qu'être partagé entre deux mondes nécessite de la rigueur, d'où les 9 règles de vie du guerrier celte, voila donc une bonne occasion d'éclaircir tout ça. (Et puis 9 et la boucle est bouclée.). La portée symbolique et la valeur de ces 9 règles possède un sens profond, lié au maintient de cet équilibre.
Païens célébrant la nature entre terre et ciel, nous sommes de sages guerriers, Héros de notre vie.